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Lettre au président du Groupe d’experts pour la viabilité financière du secteur postsecondaire de l’Ontario

English version follows

Toronto, le 22 novembre 2023


Monsieur Alan Harrison, Ph. D
Président
Groupe d’experts pour la viabilité financière du secteur postsecondaire de l’Ontario

Monsieur le président,

Je tiens d’abord à vous remercier pour le temps que vous et l’ensemble du Groupe d’experts
avez consacré à la préparation du rapport Assurer la viabilité financière du secteur de
l’éducation postsecondaire de l’Ontario. Un financement stable et adéquat pour les universités
et les collèges de l’Ontario est essentiel au bon fonctionnement de ces institutions qui jouent un
rôle important dans le développement économique, social et culturel de la province.

Votre rapport est le résultat d’un examen approfondi de données et d’expériences de plusieurs
parties prenantes du secteur postsecondaire. Toutefois, permettez-moi d’exprimer de sérieuses
réserves à l’égard des constats tirés sur les établissements de langue française dans la
province. Le manque de compréhension et de rigueur du rapport sur la situation des universités
de langue française, ainsi que le manque d’objectivité à leur égard sont décevants compte tenu
de l’importance du mandat confié au groupe d’experts.

En formulant une réponse à la question quant à la façon de garantir un système d'éducation
financièrement viable en français pour que les étudiants francophones et de français langue
seconde (FLS) puissent accéder à un éventail de programmes de qualité et soient préparés à
une brillante carrière, le rapport fait preuve d’une profonde incompréhension et d’un biais
significatif contre l’Université de l’Ontario français (UOF). Selon le rapport :

À l’époque, le ministère avait consulté des établissements ayant pour mandat officiel
d’assurer une éducation bilingue ou en français afin de savoir si l’ouverture d’un
établissement de langue française supplémentaire leur semblait appropriée et de
déterminer les possibilités de collaboration. La nécessité d’un tel établissement n’avait
pas fait l’unanimité.

À la lecture de ce passage, on est apte à se demander pourquoi le rapport introduit ainsi toute
la section portant sur le système d’éducation postsecondaire en français. S’agit-il de jeter un
doute sur le bien-fondé de l’Université de l’Ontario français et la décision de gouvernements
successifs de la créer, puis de la financer? S’agit-il de remettre en question le principe de la
gouvernance « par et pour » les francophones? S’agit-il de laisser sous-entendre que la
communauté francophone avait besoin de la permission des institutions déjà établies pour créer
sa propre université? Disons que la suite du rapport abonde dans un sens qui suscite bien des
interrogations.

Quoi qu’il en soit, il importe de souligner quelques informations erronées, lesquelles auraient
dues être rectifiées par le Groupe d’experts et son secrétariat avant la publication du rapport.
D’abord, en date de la publication du rapport, l’Université de l’Ontario français ne compte pas
29 inscriptions, mais bien 226. C’est un nombre en croissance et qui s’apparente à la situation
d’autres universités publiques qui ont été en démarrage dans le passé. Ensuite, environ la moitié
de notre population étudiante est canadienne, contrairement à ce que le rapport indique à la
page 48 où on affirme que nos étudiantes et nos étudiants sont « très majoritairement
étrangers ». Enfin, il faut réitérer le contexte exceptionnel dans lequel l’UOF a vu le jour, soit au
milieu d’une pandémie dont l’ampleur était sans précédent.

Il est aussi regrettable qu’on ne vous ait pas fourni le contexte nécessaire pour bien comprendre
la désignation des établissements ontariens sous la Loi sur les services en français (LSF). En
2013, j’étais recteur de l’Université de Hearst alors qu’elle devenait la première université en
Ontario désignée en vertu de la LSF. Une telle désignation ne donne aucun moyen financier
additionnel à une institution désignée et n’a permis aucun élargissement « de sa gamme de
programmes et de cours dispensés entièrement en français », contrairement à ce qui est
prétendu dans le rapport à la page 48. En bref, il n’y a aucun financement additionnel lié à la
désignation des programmes d’une institution.

Les trois options que vous proposez sont irrecevables. Elles ne prennent aucunement en compte
le principe de la gouvernance « par et pour » les francophones, chèrement acquise après des
décennies de revendications et de luttes acharnées de la part de la communauté francophone
de l’Ontario. Contrairement à ce que bien des esprits sceptiques prétendaient à l’époque de leur
création, les conseils scolaires de langue française et les collèges de langue française sont des
succès retentissants et font l’envie d’autres communautés à l’échelle canadienne et
internationale. Il serait tout à fait normal et raisonnable d’accorder le temps à l’Université de
l’Ontario français de prendre son envol, d’autant plus qu’elle vient de voir le jour.

Il faut des efforts soutenus pour instaurer une tradition d’études universitaires en français dans
le Grand Toronto et dans le Centre et le Sud-Ouest de l’Ontario. L’Ontario compte de loin la plus
importante population de francophones à l’extérieur du Québec, à plus de 600 000 personnes.
Trente-six pourcent de ce groupe habite dans le Centre et le Sud-Ouest de l’Ontario, une
population qui grandit depuis des années et qui continue de croître, notamment par
l’immigration. Pour que ce groupe poursuive son développement et pour appuyer sa vitalité,
l’Université de l’Ontario français continue d’élargir sa programmation, comme nous le faisons
avec un nouveau programme de baccalauréat en éducation (approuvé par le MCU en mai 2022
et offert par l'UOF en septembre 2023), un baccalauréat en administration des affaires en
collaboration avec le Collège La Cité (approuvé par le MCU en août 2023 et qui sera offert par
l'UOF en septembre 2024), un baccalauréat en santé mentale (qui est en cours d'évaluation par
le MCU) et un baccalauréat en travail social (qui vient d'être déposé au MCU pour son
consentement).

En plus d’avoir lancé récemment l’Observatoire sur l’immigration francophone au Canada, une
première dans la francophonie au pays, et ce en collaboration avec Toronto Metropolitan
University, l’UOF accueille maintenant une Chaire UNESCO portant sur la migration et la
francophonie en contexte minoritaire. Nous hébergeons une revue scientifique bien établie,
Enjeux et société, qui est spécialisée dans le domaine de la recherche et l’enseignement
supérieur. En peu de temps, l’UOF est devenue un joueur important en éducation postsecondaire
et en recherche universitaires, autant pour les élèves du système francophone que ceux des
programmes d’immersion, pour les étudiantes et les étudiants du Canada comme pour les
internationaux qui s’ajoutent aux forces vives de l’Ontario français. Imaginez ce que l’UOF sera
et quel sera son apport à l’avancement des savoirs en français et au développement de la
province dans 10 ou 20 ans!

Si, comme le rapport laisse planer dans la section portant sur les programmes offerts en
français, le groupe d’expertes et d’experts s’inquiète vraiment pour le système d’éducation en
français en Ontario, permettez-moi de suggérer certaines questions fondamentales auxquelles
il serait opportun de répondre dans les meilleurs délais. Quels sont les parcours scolaires des
élèves francophones dans le système d’éducation de l’Ontario? Quels programmes sont
privilégiés par les francophones? Le numéro de matricule étudiant de l’Ontario peut-il être utilisé
pour aider à mieux comprendre ces questions? À la page 50, vous soulevez à juste titre
l’importante question du financement fédéral pour appuyer les institutions francophones en
situation minoritaire. Comment ces fonds sont-ils attribués aux institutions? Qu’est-ce qu’un
étudiant universitaire francophone? Comment définit-on un programme offert en français?
Plusieurs autres questions se posent mais je me limite à celles-ci pour le moment.
Ce qu’il faut retenir de la portion de votre rapport sur l’offre de programmes en français, c’est
un appel à une plus grande collaboration. Il est d’ailleurs opportun de souligner que l’Université
de l’Ontario français et l’Université de Hearst ont proposé, il y a deux ans déjà, la création d’un
Réseau des universités de l’Ontario français. La création de ce réseau permettrait de partager
des cours et des programmes, de faciliter la mobilité étudiante et de partager certains services
offerts à la population étudiante et aux professeures et professeurs, ainsi que d’offrir des appuis
administratifs partagés. À ce stade-ci, la proposition est toujours sur la table.

Monsieur le président, je vous demande de retirer la section portant sur le système d’éducation
en français de votre rapport, ou au moins de rectifier les faits erronés publiés dans cette section.
Ce manque d’objectivité plombe la crédibilité du rapport. Il porte lourdement préjudice aux
jeunes universités francophones qui ont plutôt besoin d’appuis et non de la perspective mal
informée d’un groupe d’experts qui ne semble pas ou peu comprendre les réalités de l’éducation
postsecondaire en français dans un contexte minoritaire. D’ailleurs, force est de constater et de
souligner la dissidence du seul membre francophone à l’égard des options du rapport portant
sur les établissements à gouvernance « par et pour » les francophones. Malheureusement, les
propositions mal fondées et partiales du rapport risquent de faire du tort aux acquis de la
minorité francophone de l’Ontario.

Je tiens à réitérer notre reconnaissance à l’égard des gouvernements de l’Ontario et du Canada
d’avoir reconnu l’importance de la gestion « par et pour » les francophones en choisissant de
financer la création de l’Université de l’Ontario français. L’UOF s’engage à poursuivre son oeuvre
d’éducation et de recherche en français pour les francophones et les francophiles et le fera en
collaboration étroite et grandissante avec des institutions de l’Ontario et du Canada français,
ainsi qu’avec la francophonie internationale.

Cordialement,

Pierre Ouellette
Recteur
Université de l’Ontario français
 



Toronto, November 22, 2023


Dr. Alan Harrison
Chair
Blue-Ribbon Panel on Postsecondary Education Financial Sustainability in Ontario

Dr. Harrison,

Let me begin by thanking you for the time you and the entire Blue-Ribbon Panel
have devoted to preparing your report entitled Ensuring Financial Sustainability for
Ontario’s Postsecondary Sector. Stable and adequate funding for Ontario’s
universities and colleges is essential to the effective operations of these institutions
that play an important role in the economic, social and cultural development of the
province.

Your report is the result of a thorough review of data and experiences from many
stakeholders in the postsecondary sector; however, allow me to express serious
reservations regarding the conclusions drawn about French-language institutions
in the province. The lack of understanding and rigour in the report on the reality of
French-language universities, and its lack of objectivity in this respect are
disappointing and unacceptable given the importance of the mandate entrusted in
this Group of experts.

In formulating your response to the question regarding how to guarantee a
financially sustainable French-language education system for Francophones and
French as Second Language (FSL) students so that they have access to a range of
quality programs and are prepared for a successful career, the report
demonstrates a deep misunderstanding of and a significant bias against the
Université de l’Ontario français (UOF). It states:

“At the time, the ministry consulted with institutions that had formal
mandates for bilingual or French-language education to hear what they
had to say about the appropriateness of an additional French-language
institution and opportunities for collaboration. Varying views were
expressed about the necessity of such an institution.”

On reading this part of the report, one must wonder why it includes such an
introduction to the entire section on the French-language postsecondary education
system. Is the aim to cast doubt on the Université de l’Ontario français and on the
decisions of successive governments to create and fund it? Is the aim to challenge
the principle of governance “by and for” Francophones? Is the aim to imply that the
French-speaking community needed the permission of established institutions to
create its own university? It is safe to say that what follows in the report further
raises an abundance of questions.

Regardless, it is important to highlight a few inaccuracies, which the Group of
experts and its secretariat should have corrected before the report was published.
At the time of its publication, the Université de l’Ontario français did not have
29 students, but rather 226. This growing number is on par with the launch of
other public universities in the past. Furthermore, about half of our student
population is Canadian, contrary to what the report published on page 41,
suggesting that a “substantial majority […] are international students.” Finally, it is
worth mentioning the unprecedented context in which the UOF launched, that of a
global pandemic.

It is also unfortunate that you were not provided with the necessary context to fully
understand the designation of Ontario facilities under the French Language
Services Act (FLSA). In 2013, I was president of Université de Hearst when it
became the first university in Ontario to be fully designated under the FLSA. Such
designation does not provide the institutions with any additional financial
resources and does not allow further expansion of “programs and courses
delivered entirely in French,” contrary to the claims made on page 41. In short,
there is no additional funding for a designated institution.

The three options you propose are inadmissible. They take no account whatsoever
of the principle of governance “by and for” Francophones, which has been a hardfought
victory after decades of demands and relentless struggle by Ontario’s
Francophone community. Despite what many skeptics claimed at the time of their
creation, French-language school boards and colleges are successes worth
celebrating and envied by other Canadian and international communities. It is only
right and reasonable to grant the Université de l’Ontario français some time to
establish itself, given that it just recently opened its doors.

Sustained efforts are needed to establish a tradition of French-language university
studies in the Greater Toronto Area, and Central and Southwestern Ontario.
Ontario has by far the largest French-speaking population outside Quebec, at over
600,000. Thirty-six percent of this group live in Central and Southwestern Ontario,
a population that has been growing for years and continues to grow, especially
through immigration. To ensure that this group continues to develop and to
support its vitality, the Université de l’Ontario français continues to expand its
programming, as we have with a new Bachelor of Education program (approved
by the MCU in May, 2022 and offered by the UOF as of September, 2023), a
Bachelor of Business Administration in collaboration with Collège La Cité
(approved by the MCU in August, 2023 and offered by the UOF starting in
September, 2024), a Bachelor of Mental Health (currently being evaluated by the
MCU), and a Bachelor of Social Work (recently submitted to the MCU).

In addition to having just created the Observatoire sur l’immigration francophone
au Canada, a first for Canada’s Francophonie, in collaboration with Toronto
Metropolitan University, UOF is now home to a UNESCO Chair on Migration and
the Francophonie in Minority Contexts. The UOF hosts a well-established scientific
journal, Enjeux et société, which specializes in research and higher education. In a
short amount of time, the UOF has become an important player in university
education and research, for students in both the French-language system and
French-immersion programs, and for Canadian and international students alike,
further contributing to the vitality of French Ontario. In 10 or 20 years’ time,
imagine what the UOF will become, and how it will contribute to the development
of the province!

If, as the report suggests in the section about French-language programs, the
panel of experts is truly concerned about the state of the French-language
education system in Ontario, I would like to raise some fundamental questions that
need to be answered urgently. What are the educational pathways of
Francophone students in Ontario’s education system? Which programs do
Francophones prefer? Can Ontario’s student identification numbers be used to
better understand these fundamental questions? On page 43, you rightly raise the
important issue of federal funding to support minority-language institutions. How
are these funds allocated to institutions? What is a Francophone university
student? How does one define a program offered in French? I will limit myself to
these questions, though several others can also be raised.

The most important aspect of the report’s section on French-language programs is
the need for greater collaboration. Indeed, it is worth noting that two years ago the
Université de l’Ontario français and the Université de Hearst proposed the creation
of a network of Ontario’s French-language universities. This network would have
made it possible to share courses and programs, facilitate student mobility, share
certain services offered to students and professors, and offer joint administrative
support. At this stage, the proposal remains on the table.

Dr. Harrison, I ask you to retract the entire section on the French-language
education system from your report, or at least to correct that were inaccuracies
published. Such a lack of rigour undermines the report. It is highly prejudicial to
young French-language universities which need support, not the judgment of a
panel of experts who seem to have little or no understanding of the reality of
postsecondary French-language education in a minority context. In fact, it is worth
noting the dissenting opinion of the panel’s only French-speaking member
regarding the options presented in the report for institutions governed “by and for”
Francophones. Unfortunately, these ill-founded and biased options risk damaging
the gains made by Ontario’s Francophone minority.

I want to reiterate our gratitude towards the governments of Ontario and of
Canada for recognizing the importance of a governance “by and for”
Francophones in choosing to fund the creation of the Université de l’Ontario
français. The UOF is committed to pursuing its work in French-language education
and research for Francophones and Francophiles, and it will continue to do so in
close collaboration with institutions from Ontario and from French Canada, as well
as from the international Francophonie.

Best regards,
Pierre Ouellette
President,
Université de l’Ontario français